Vieux papiers du temps des isles

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VIEUX PAPIERS DU TEMPS DES ISLES

au marquis, son chef d'escadre, qu'il réussirait, et sans attendre alla à Gorée préparer son expédition. La mission, confiée au vicomte de Pontevès-Gien, était d'aller « boulverser » les divers établissements des Anglais sis soit « en la rivière Gambie et de Sierra-Leone », soit dans les îles de Los. Le capitaine devait mener à bien sa tâche avec sa fine frégate la Nymphe et une petite corvette l'Epervier, commandant M. de Capellis. A Gorée, le vicomte de Pontevès-Gien s'assura le concours de quelques solides gaillards qui devaient lui rendre les plus grands services par leur pratique de ces régions : « un officier de la garnison, vingt soldats, vingt-cinq volontaires mulâtres ou noirs et des pilotes ayant connu la rivière de Gambie ». D'autre part, le chef de l'expédition armait deux bateaux de la compagnie de la « Guianne » et la corvette du « service local », dirions-nous maintenant, « la Gorée », petit bâtiment de 14 canons commandé par un sieur Allari, lieutenant de frégate. Le 5 février 1779, la flotille du vicomte sortait du petit port de Gorée et, poussée par un alizé favorable, s'engageait trois jours après dans l'estuaire de la Gambie jetant bientôt l'ancre à « Albreda », « comptoir français situé dans la Gambie à une lieue de fort Saint-James qui appartenait aux Anglois ». Il aurait fallu attaquer le fort Saint-James sans délais et profiter de ce que les stratèges appellent l'effet de surprise ; mais l'effet de surprise du vicomte de Pontevès-Gien avait fait... long feu par suite de la capture par une corvette anglaise de deux voiliers de Gorée. Le gouverneur du fort Saint-James avait donc été prévenu et, comme tout homme prévenu en vaut deux, il avait eu d'autant plus le temps de mettre son fortin à l'abri d'un coup de main que « les calmes


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