96
VIEUX PAPIERS DU TEMPS DES ISLES
partait avec lui, soit une frégate et deux corvettes. DupetitThouars avait de ce fait sous la main un personnel marin de dix-sept cents hommes, et « pour la formation des garnisons » une compagnie des équipages de ligne, deux compagnies d infanterie de marine ainsi qu'un détachement d'artillerie ; au total le « corps expéditionnaire » comportait quatre cents hommes, pourvu « d'un petit matériel d'artillerie en pièces de campagne, obusiers de montagne et fusils de remparts ». Les instructions ministérielles invitaient le contre-amiral Dupetit-Thouars « à veiller à la sûreté des nouveaux établissements et à assurer leurs subsistances par des achats de vivre à Valparaiso ». Mais, en outre, ne sommes-nous pas d'ailleurs à l'époque du soldat laboureur, du Père Bugeaud, et de la formule ense et aratro, « les garnisons devront, d'ailleurs, chercher à se créer des ressources par les cultures dont les terres seront jugées susceptibles ; en élevant des bestiaux ; en multipliant les espèces volatiles et en se livrant à la pêche ». Le Ministre terminait par ces mots prouvant l'importance que Paris attachait à la prise des Marquises : « En vous appelant au commandement de ces forces navales dans les mers du Sud et en vous chargeant de réaliser un projet dont le succès est à ses yeux d'un si grand intérêt pour notre pavillon, le Roi vous prouve, Monsieur
le Contre-Amiral, toute sa
confiance en votre caractère comme en votre habileté l. » On comprend que, jugé digne d'une telle confiance, le fondateur de nos Établissements d'Océanie ait eu hâte de remplir la mission dont il venait d'être chargé et de planter le drapeau aux Marquises. En effet, trois mois après en avoir reçu l'ordre, le contre-amiral Dupetit-Thouars jetait 1. Archives du Ministère des Colonies. Tahiti, 1842. Carton correspondances diverses.