Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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MARTINIQUE

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son fils, un nombreux domestique et le sieur de Quérolan qui lui servait d'aide de camp. De qu Ile aberration avait été frappée Mme de Lagrange qui faisait de son mari ce qu'elle voulait et disposait de tout dans la colonie en maîtresse absolue ? C'était inconcevable. On comprend la colère de M de Poincy, fort peu endurant de sa nature. Un orage de reproches et de menaces éclata publiquement sur la tête de Lagrange. Ce fut en vain, qu'affolé, il offrit son habitation et tout ce qu'il avait; le Commandeur « refusa avec mépris ». Enfin de Poincy demanda où d'Esnambuc résidait quand il gouvernait Saint-Christophe. On lui répondit que c'était à la Capesterre, à l'autre bout de l'île, et que le sieur de Lespérance, intendant de MM. de Vaudroques et du Parquet frères, avait commission de vendre les habitations de leur oncle. De Poincy en fit l'acquisition sur l'heure et partit s'installer à la Capesterre. Ce ne pourrait être que provisoire; car la demeure du premier commandant de la colonie était d'une simplicité primitive. Cependant les capucins de la Basse-Terre, très aimés des Français dans l'île, étaient parvenus à réconcilier le gouverneur particulier avec M. de Poincy. Mais le malencontreux projet que poursuivait Mme de Lagrange, — lequel consistait à dégoûter de Saint-Christophe le Gouverneur généra! pour l'en faire partir, et les sourdes menées qu elle y employait, avec son parent de Quérolan — éloignaient toute chance de voir durer cette réconciliation... Un temps, on parut se calmer; on se vit; on se fréquenta. De Poincy avait pris un pied à ierre chez Lagrange. Il allait de la Capesterre à la Basse Terre, et vice versa, surveillant, écoutant ce qui se faisait et se disait... Il semblait avoir oublié ce qui s'était passé avant son arrivée, bien que certains propos,

à

lui rapportés, l'eussent vivement blessé. Celui-

ci, par exemple : de Lagrange, voyant aborder un navire amenant de France des orphelines destinées à être mariées, avait dit : « C'est le sérail de M. de Poincy. » Une affaire de


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