Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

d'existence, sur le travail desquels on ne pouvait qu'hypothéquer la dépense de leur passage et de leur entretien dans la colonie pendant trois ans. Cette petite troupe réunie, il fallait l'encadrer d'hommes capables de tenir ces travailleurs, de les discipliner, de les instruire. Mais le point capital était de trouver un certain nombre de personnes en mesure de couvrir par leurs avances les frais de l'expédition. Cela était d'une extrême nécessité ; car la Compagnie des îles d'Amérique, qui venait de faire presque en pure perte des sacrifices pour l'établissement de la Guadeloupe, n'était guère disposée à se montrer prodigue pour celui de la Martinique. Tout ce qu'elle put faire, en attendant mieux, fut de fournir des armes pour trois mille livres et deux mille livres d'argent. A la fin de 1635, la moitié des pauvres diables partis de Dieppe en mai et juin étaient morts de misère... En 1636, quatre-vingts des survivants, trop affaiblis pour être à même de se défendre, avaient été massacrés par les sauvages. La famine fut si horrible en 1637, que le reste des mal-heureux engagés se vitréduit à manger « de l'herbe et des cadavres' ». Ces désastres étaient loin d'être encourageants et si du Parquet, avec ses grandes qualités et Baillardel avec sa persistance, ne s'étaient appliqués àréagir contre l'impression que les nouvelles de la Guadeloupe avaient causée, la réussite de cette affaire eût été problématique. Du Parquet fut donc obligé de chercher surtout en dehors de Dieppe le personnel qu'il devait embarquer pour la Martinique. Il se rendit où ses relations de famille, de parenté, d'amitié, de camaraderie à son ancien régiment, pourraient lui procurer des compagnons d'émigration. Baillardel — par l'intermédiaire des parents de sa femme (née Jeanne Bonhomme de Hattenville) qui était de Pauville — recruta plusieurs personnes disposées à s'expatrier parmi les familles cauchoises des environs. Lui-même, donnant un 1 Père Dutertre.


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