Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

la Martinique et la Dominique ne pouvait affaiblir la population de Saint-Christophe. Ce n'était plus cette colonie naissante que le moindre événement mettait en danger de disparaître ou d'être absorbée par les Anglais. Sur la proposition de d'Esnambuc, la Compagnie avait concédé en propre aux habitants les terres qu'ils cultivaient. Ils étaient maintenant directement intéressés à défendre leur bien et à le faire fructifier, moyennant un droit modéré payable annuellement à la Compagnie. La population française de Saint-Christophe comprenait alors au moins trois mille âmes. A l'exemple des Anglais, qui s'étaient augmentés de familles recrutées en Angleterre, on avait fait venir des ports de Normandie des familles, où femmes et filles comptaient presque pour moitié. Chez nos voisins, comme chez les Français, des mariages avaient été contractés. Quelques alliances même s'étaient formées avec des femmes anglaises. C'est dire que la partie française de Saint-Christophe avait maintenant des prêtres, des paroisses, des églises — de pauvres églises en bois, couvertes en feuilles de palmier. L'ordre était maintenu dans la colonie et la défense assurée par des milices armées, organisées par compagnies, à la tête desquelles se trouvaient des lieutenants et des capitaines. Deux de ces officiers étaient les neveux de d'Esnambuc, les Dyel de Vaudroques et du Parquet, dont nous avons parlé, et qu'il venait d'appeler à SaintChristophe. Comme on le voit, un progrès très sensible sous tous les rapports s'était accompli dans l'île. De leur côté, les directeurs de la Compagnie tenant à Paris des assemblées régulières, à l'hôtel du président Fouquet (le père du fameux surintendant), faisaient de leur mieux pour administrer la Société nouvelle et ne plus laisser les colons dans le besoin. Ceux-ci frayaient encore avec les capitaines de navire étrangers; mais ce n'était plus que par exception. En fait, les fondements de la colonisation à Saint-Christophe étaient solidement posés. L'action de cette colonie-mère allait rayonner


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