Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

Page 40

34

FRANÇOIS DE COLLART

Le premier acte qui interdit le commerce des îles françaises de l'Amérique avec l'étranger est une déclaration royale du 25 novembre 1634. Cette défense eût été juste, peut-être, si la Compagnie, plus soigneuse de la vie de ses colons, ne les avait laissé manquer des choses indispensables à l'existence. Quelle illusion de croire qu'une colonie naissante, parce que le sol qu'elle exploite est riche, y doit trouver de prime abord tout en abondance pour sa nourriture et son entretien ! C'est par légions que l'on a dû compter, aux Antilles notamment, les victimes de cette erreur. Les conséquences de ces anciennes lésineries ont été très nuisibles, pour la France, aux progrès de la colonisation. Les habitants de Saint-Christophe, outrés des privations qu'on leur imposait par ce dur procédé, non-seulement continuèrent à traiter avec les Hollandais et autres marchands du nord de l'Europe, mais ils n'envoyèrent plus que le moins possible de leurs produits dans les ports de France. Les associés de la Compagnie, ayant appris par des capitaines français que les étrangers, et surtout les Bataves, tiraient de merveilleux profits de leur commerce étendu avec Saint-Christophe, commencèrent à réfléchir. Elle avait donc de la valeur cette petite colonie « comme abandonnée ». S'ils l'ignoraient, ce n'était pas la faute de d'Esnambuc qui les avait renseignés de toute manière, verbalement et par écrit. Leur insouciance avait a mené ce résultat : les colons de SaintChristophe faisaient bien leurs affaires ; la Compagnie voyait péricliter les siennes. C'était là un abus qu'il fallait corriger au plus vite ! Les associés ne pouvaient admettre que l'on s'enrichît à leur service sans que le capital avancé par eux leur rapportât ce qu'ils étaient en droit d'espérer.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.