Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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rapporter 292,200 livres coloniales. C'était en somme ronde un revenu net de 150.000 francs de notre monnaie. Il est évident que François de Collart n'eut pas toujours 730 nègres. Le nombre élevé de cette population travailleuse ne dut être atteint que dans les dernières années, où l'on vit la marchandise humaine abonder sur la place de Saint-Pierre. De 1714 à 1720, 10,200 nègres et négresses, amenés de Guinée par 68 navires français, dont 55 de Nantes1, entrèrent à la Martinique. On y comptait exactement 238 sucreries en 1720. On peut se faire une idée de ce qu'il fallait de noirs pour cultiver et entretenir ces établissements, dont le nombre ne fit que s'accroître. En 1731, époque à laquelle les recensements généraux commencent à être bien détaillés, il y avait à la Martinique 421 sucreries, 23 bourgs, 58,548 âmes, dont 11,957 blancs, 45 387 esclaves et 1204 hommes et femmes de couleur, libres. Le café, introduit dans l'île en 1723, était déjà représenté, en 1731, par 1,802,533 pieds. Cette progression ne s'arrêta pas là. Mais on peut dire que notre colonie était parvenue, en quelque sorte, à l'apogée de sa période originaire. Des deux cents compagnons de Jacques du Parquet, amenés de Normandie par le capitaine Pierre Baillarde1, au chiffre de 58,548 âmes ci-dessus mentionné, il y avait toute ladislance d'une hardie tentativeà la réussite la plus complète ; ne craignons pas d'ajouter la plus glorieuse, pour tous ceux qui ont attaché leur nom à cette difficile entreprise. Notre tâche est accomplie. Résumons en deux points l'enseignement général à tirer de cette étude. 1° Il faut un siècle 1

Nantes faisait alors beaucoup d'armements pour la Martinique. Nous avons relevé, de 1714 à 1721, les noms des principaux armateurs propriétaires de navires nantais. Ce sont MM. Bernier (Pierre et Louis), Berrouette, Bonneau (Jean), Chavaud, Daussaint Desmarais-Joubert, Ernaud de Gaude. Joubert (Mathurin), La Brouillières. La Garde. L'Epinay-Sarreau, Le Jeune, Montaudouin (de Launay et René). Perinsel, Pradines. Robin, Sarrebourse d'Audeville, Schiel (Luc). Simon (Jean). Tatin (Jean), Terrien (Jean). Le» Montaudouin dominent par la fréquence de leurs armements.


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