Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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jours du mal de Siam (là fièvre jaune), mourut le 2 oclobrc. La surprise fut d'autant plus pénible que, depuis longtemps, cette maladie, surtout funeste pour les Européens nouvellement arrivés, n'avait pas fait de victimes à la Martinique. L'intendant, qui avait gagné l'estime générale pendant les six semaines de son exercice, fut sincèrement regretté. M. Mesnier reprit l'intérim pour la troisième fois et le conserva jusqu'au i) juin 1719, date de l'installation de M. Charles Besnard, commissaire de la Marine, nommé Intendant général par le Régent le 10 janvier de la même année. Cependant du Buq, malgré les excellentes dispositions du gouverneur à son égard, ne se sentait pas tout à fait rassuré. Le i octobre, après la clôture du procès, les sieurs Cattier, Belair, d'Orange, Labat et Bourgelas, avaient été condamnés par le Conseil souverain, le premier au supplice de la roue, les autres à celui de la potence. Il est vrai que ces condamnations, ayant pour but unique de donner une apparente satisfaction au principe d'autorité, ne pouvaient recevoir, et ne reçurent réellement d'exécution qu'en effigie. Mais le colonel n'était pas contumace. Suivant les termes du décret d'amnistie portant exception, on devait l'embarquer pour France et là tout était à craindre. M. de Feuquières, résolu à sauver du Buq, se contenta d'envoyer toute la procédure au Conseil de Marine, avec la lettre suivante, datée du 22 octobre 1718. Ce document est un si ferme appui poùr le récit, que nous ne pouvons omettre de le reproduire : « Il nous a paru, dit le Gouverneur général, que la révolte procédait de l'Acajou ; que Longpré La Touche, qui n'avoit cessé de courir par toute l'isle, après le projet conclu d'arrêter ces messieurs, a voit, chemin faisant, forcé tous les habitants qui ont paru au rendez-vous au Lamentin et ensuite à Saint-Pierre. Nous aurions aussi reconnu que c'est à la sollicitation de La Touche, et même de M. de Valmenier (son gendre), que les cinq proscrits Belair, Cattier, d'Orange, Labat et Bourgelas, ne s'étoient pas rendus en ce fort, suivant les ordres du Roi et au désir de l'amnistie.


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