Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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ET LA MARTINIQUE

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pour la Martinique ? On doit le penser. Ce qu'il y a de certain, c'est que Baillardel, voyant autour de lui croître l'agitation, se rappela les menaces qui lui avaient été faites en différentes fois. Il conçut un profond ennui de celte situation, pleine de trouble et se résolut à quitter la colonie, au moins pour un temps, pour toujours peut-être suivant les circonstances. Le 12 avril 1718, il va trouver M. de Feuquières et lui dit que, depuis longtemps malade, il se voit obligé de lui donner sa démission de capitaine et de lui demander congé, afin d'aller avec sa famille en France, où il pourra seulement recouvrer la santé. Baillardel ajoute que, voulant éviter d'être soupçonné « d'avoir trempé dans la rébellion », il prie le gouverneur de vouloir bien recevoir sa déclaration sur les faits qui ont affligé la colonie, de l'interroger à cet égard, de faire ensuite examiner sa conduite et enfin de lui délivrer un certificat établissant « son innocence et sa fidélité inviolable ». M. de Feuquières,

n'ayant

rien à objecter à ce désir

exprimé en si bons termes, fit ce que lui demandait Baillardel, et, comme celui-ci ne dit rien qui ne fût déjà connu par le rapport La Varenne et prouvé par d'autres informations, le gouverneur lui délivra un

«

certificat de bonne conduite et un

congé d'embarquement ». Baillardel, laissant le soin de ses habitations, à son neveu Théodore de Lahaye, quitta la Martinique à la fin d'avril 1718, sur le Saint-Florent, qui, après avoir fait sa tournée dans les Antilles, était revenu à Saint-Pierre et mettait à la voile pour Nantes, d'où il était parti, comme on sait, en septembre

de

l'année précédente. Baillardel avait donné son adresse à M. de Feuquières,

à

Nantes, chez le banquier chargé des affaires de sa maison, M. Guilloré, dont le nom serait, paraît-il, encore porté dans le pays nantais. — Baillardel emmenait avec lui sa femme et ses enfants, au nombre de cinq'. 1 Trois filles et deux fils. L'aîné, Magloire Baillardel de Lareinty, déjà cité, avait alors onze ans. Charles revint à la Martinique avec sa famille en 1722. Magloire épousa dans la colonie, en 1746, Louise-Elisabeth du Prey, petite-


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