Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

d'agréer que je l'assure de toute mon innocence, dans ce qui s'est passé ici au sujet de l'arrestation et de l'embarquement de MM. de La Varenne et Ricoüart, dont mes ennemis, ou des gens mal informés, m'ont voulu rendre coupable. J'ay fait voir à M. de Feuquières la noirceur de cette calomnie et luy ai offert et donné des preuves de ma fidélité... »

M. de

Feuquières s'était laissé persuader beaucoup mieux que le Conseil de Marine, qui insista pour savoir à quoi s'en tenir. D'Hauterive, en fait, n'avait contre lui que des présomptions fort discutables. Prévenu de ce qui se tramait à l'Acajou, après la confiscation du navire espagnol, s'il avait frayé avec La Touche

pour commencer

l'affaire, avec du Buq, au

moment du départ du Gédéon, pour la terminer, il s'y était pris avec tant de réserve, que ni l'un ni l'autre n'avaient dû penser que lui d'Hauterive « trempait dans la rébellion ». Quant à du Buq, le soi-disant « chef de la révolte », il avait paru à M. de Feuquières si recommandable à tous égards que le gouverneur s'était refusé à comprendre cette haute personnalité martiniquaise dans la poursuite proposée par lui. Peut-être même jugeait-il imprudent de mettre du Buq en cause dans cette malheureuse affaire. Il n'ignorait pas que la colonie, en très grande majorité, était résolue à se soulever de nouveau pour la défense de son élu. Celui-ci avait eu beaucoup de peine à obtenir que l'on s'engageât à rester calme, tant que sa vie ne serait pas en danger. Mais si du Buq possédait un très grand nombre de partisans dévoués à la Martinique, il y comptait des ennemis acharnés. La faction dont la conscience était si lourde au sujet de la révolte avait mis tant d'ardeur à rejeter ses torts sur du Buq, que M. de Feuquières pencha visiblement du côté des La Touche. Ils s'étaient tenus à l'écart; on les vit s'empresser auprès du gouverneur. Valmenier leur facilitait des entrevues... Leurs plaintes ne furent pas inutiles. M. de Feuquières, comprenant que La Varenne et Ricoüart, en étendant la confiscation à tout l'argent découvert dans le navire espagnol, avaient été par trop durs, fit de justes con-


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