Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

Page 337

ET LA MARTINIQUE

327

qui ont réduit l'île à la famine. Ils ont traité tout le monde, sans distinction de personnes, d'une manière dure et méprisante. — Vous avez donc particulièrement à vous plaindre de ces messieurs, observa Geffrier. Quant à moi, je n'ai qu'à m'en louer. — C'est, lui dirent-ils, que vous n'avez point eu d'affaire avec eux. Grand nombre de gens (qu'ils lui nommèrent) ont été traités avec la dernière indignité. — Est-ce que, poursuivit Geffrier, MM. de Collart, Roussel et Petit, qui sont ici à la suite de ces messieurs, savent cette étrange résolution ? — Non, et nous vous défendons de leur en parler, sous peine de la vie et vos biens brûlés. — Mais qui vous soutiendra dans une pareille action? — M. de la Touche père. Les forts doivent être pris demain à la garde levante. Presque tous les habitants de l'île sont déjà en marche pour se rendre au Lamentin. — Mais qu'attendez-vous de moi, dans cette affaire ? Que vous restiez ici pour commander les hommes de la compagnie de chevaux, dont nous sommes assurés. Se voyant seul devant ces ardents conjurés, Geffrier parut acquiescer et l'on se sépara... Il alla dîner dans une auberge du bourg avec huit ou dix cavaliers qui le joignirent et auxquels (les en entendant parler) il conseilla de ne point entrer dans cette mauvaise affaire. Ils le lui promirent. Après le repas, il monta à cheval avec eux. Ils partaient ensemble pour retourner à leurs habitations, lorsque ceux qui l'avaient pris à part après la revue, le voyant en marche, accourent et lui disent que, s'il partait et n'exécutait pas ce qu'on lui avait ordonné, il pouvait compter d'être pendu avec toute sa famille. Geffrier leur répondit: « Je ne vous crains pas. Vos menaces ne m'effrayent point. Je serai toujours en état de repousser vos insultes ». Et il partit avec six cavaliers qui lui étaient restés. Arrivés ensemble à la Rivière-Salée, à cinq heures du soir, ses compagnons le quittèrent, et chacun s'en alla chez soi. Vers onze heures du soir, étant couché, deux cavaliers de


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.