Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

La Varenne et Ricoüart prennent place à table à huit heures, avec leur suite, moins l'ingénieur de la Roulais et le capitaine Malherbe, qui, s'étant excusés, avaient demandé à se retirer pour aller prendre du repos. Ceux-là sans doute éprouvaient quelque défiance. Mais, adieu la tournée d'inspection commencée ! Voici le moment critique pour le gouverneur et l'intendant. A peine les convives se sont-ils assis qu'un grand bruit se fait entendre aux fenêtres. Une bande de gens armés pénètre tumultueusement dans la salle. Trois détachements pelotonnés autour des sieurs Belair, d'Orange et Cattier, tombent là poussés par d'autres, et trente voix prononcent ensemble ces paroles évidemment apprises d'avance : « Au nom de la colonie, nous avons ordre de vous arrêter ! » A l'exception de d'Hauterive que rien n'émeut, les convives stupéfaits se lèvent et La Varenne dit : Qu'est-ce ? De quoi s'agit-il ? Reprise du chœur : « Au nom de la colonie, nous avons ordre de vous arrêter ! » — Au nom du Roi, s'écrie La Varenne, pourpre de colère, moi, je vous ordonne de vous retirer ! Cris : Non ! non ! S'ils résistent, fusillons-les ! Ricoüart, plus maître de lui, essaye de parlementer. — Ces messieurs, dit-il, sont trop bons sujets du Roi pour ne pas comprendre leur méprise. Voici M. le général et je suis l'intendant. — Non ! non ! A bas La Varenne et Ricoüart ! — Quels sont vos chefs? — Personne ne veut plus de vous. — Voyons, messieurs, un peu de calme. Quel est celui qui vous commande ? Nous nous expliquerons avec lui. Collart veut parler. Des murmures étouffent sa voix. Il n'en continue pas moins de protester contre une telle violence et se tient près du gouverneur et de l'intendant, comme pour les protéger de son corps...


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