Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

Ils eurent le temps, pendant la traversée, de relire les instructions qui leur avaient été remises à Versailles et d'en méditer les conséquences. Deux points y dominaient : la culture des terres mieux appropriée que par le passé aux besoins de la Métropole et à ceux des colons ; l'interdiction du commerce étranger. Sur des renseignements intéressés parvenus de quelques ports de France, le Conseil de Marine s'était imaginé qu'il y arrivait trop de sucre et pas assez d'autres produits coloniaux — « comme le coton, la casse, le rocou, l'indigo, le gingembre et le cacao ». Il fallait donc faire mettre en seconde ligne la culture de la canne, l'empêcher même, afin d'y substituer celle des susdits végétaux. Puis La Varenne devait « interdire aux gens de procès l'entrée des îles de son gouvernement... » — « ces sortes de gens étant très dangereuses pour les colonies, où les affaires demandent à être traitées sommairement, à quoi il doit exciter les officiers de justice. » « Sommairement », c'était revenir au temps de du Parquet. Les mots « officiers de justice » tombant à la fin de cette phrase, que La Varenne comprit mal, le frappèrent. Il ne les oublia pas. Le gouverneur et l'intendant retinrent aussi ce paragraphe, dont l'objet pouvait s'étendre à toute sorte de détail : « La police, qui contribue plus que tout autre chose à l'augmentation des colonies pour le bon ordre du travail et l'application des habitans, doit faire une des plus importantes occupations du sieur de la Varenne, en la maintenant dans les lieux où il la trouvera établie, l'affermissant dans ceux où elle aura été négligée, toujours conjointement avec le sieur de Ricoüart, avec lequel il doit la faire en commun. » En résumé, dans ces instructions presque paternelles, si l'interprétation n'en était pas forcée, les matières qui devaient se partager l'attention de MM. les administrateurs étaient les cultures, les gens de justice, le commerce étranger et la police.


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