Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

Page 31

ET LA MARTINIQUE

25

quante navires, dont plusieurs étaient des prises, vinrent jeter l'ancre devant le fort commandé par du Roissey. A partir de ce moment, la conduite de celui-ci devint louche ou du moins désordonnée. Aux sept cents hommes que les Anglais fournirent avec assez d'empressement, d'Esnambuc, obligé de se garder, n'en put ajouter que cent vingt, sous la conduite de Dyel du Parquet, son neveu. Cette troupe, au total d'un millier d'hommes environ, avec les compagnons de du Roissey, s'occupa, une grande partie de la nuit, à se retrancher, à se préparer au combat pour empêcher le débarquement des ennemis qui ne manquerait de s'opérer dès la matin. Les Espagnols en effet commencèrent à descendre à la Basse-Terre vers huit heures. C'était le 13 septembre 1629. Du Roissey, voyant le jeune du Parquet impatient, plein d'ardeur, le fait avancer sur le rivage avec sa compagnie, l'assurant qu'il va le soutenir de toutes les forces dont il dispose. Que se passa-t-il ? Ce fut comme un coup de foudre. Le neveu de d'Esnambuc fond sur l'ennemi. Il aborde le capitaine de la troupe de descente, le transperce de son épée et tue ainsi les Espagnols qu'il peut atteindre. Il est enveloppé et tombe frappé de dix-huit blessures. Trois Français ayant pu le suivre meurent à ses côtés. La compagnie de du Parquet se précipite pour venger son chef ; lancée au milieu d'un groupe d'ennemis dix fois supérieur, elle est écrasée. A cette vue, les Anglais pris de panique, lâchent pied. La déroute est complète. Du Roissey perd la tête, suit les Anglais avec les siens, et ne s'arrête, dans cette fuite insensée, qu'à la Capesterre, en présence de d'Esnambuc qui, douloureusement surpris, apprend à la fois la panique des Anglais, l'écrasement de ses compagnons et la mort de son neveu. « La Basse-Terre est au pouvoir des Espagnols, lui crie-t-on ; l'ennemi s'avance... » Bref, malgré les exhortations de d'Esnambuc, malgré ses instantes prières, il faut se rendre, sans plus combattre, sans mesurer les conséquences désastreuses qu'une telle faiblesse va nécessairement entraîner.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.