Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

apporta l'ordre de commencer le bombardement. Trentequatre bombes furent tirées jusqu'à une heure de l'aprèsmidi. On cessa le feu à la réception d'une lettre de Cassard adressée au gouverneur, à qui elle fut portée sur-le-champ. Cette missive ne parut produire aucun effet sur l'esprit de ce fonctionnaire. Cassard en fut informé. Le feu des mortiers fut recommencé et continué de six heures du soir à huit heures du matin. On avait tiré en tout cent-vingt bombes. Le 28 février, à une heure de l'après-midi, Bandeville reçut une nouvelle lettre de Cassard pour le gouverneur. Celle-ci l'instruisait de l'arrivée d'un renfort et l'assurait que s'il ne voulait entrer en composition, on allait attaquer la ville des deux côtés. Effectivement, ce jour-là même, l'un des bateaux « qui s'étoient écartés de l'escadre, » revenu à temps, avait pu fournir au camp une compagnie de cinquante hommes des troupes de la Martinique, si redoutées dans l'archipel. Le gouverneur savait ce fait avant d'avoir reçu la lettre de Cassard. Cette coïncidence, jointe aux menaces de Bandeville, de plus en plus pressantes, fit réfléchir le chef batave. Il demanda ce que l'on entendait par contribution, en faisant ressortir l'extrême pauvreté des habitants de Corossol. Sa lettre fut portée à bord du Téméraire le 1er mars à minuit. Cassard n'ignorant pas qu'il ne restait plus à Bandeville que dix bombes à tirer, à cause du manque de fusées, autorisa le commandant à traiter comme il pourrait avec le gouverneur. Enfin, après divers pourparlers qui remplirent les journées des 2 et 3 mars, la contribution fut arrêtée péniblement à la somme de cent quinze mille piastres (575,000 francs)'. Le rapport de M. Bandeville de Saint-Périer est daté « du camp, devant la ville de Corossol, le 5° mars 1713 » ; celui de Cassard, du Téméraire, le 18 mars 1713. Nous ne savons que par la lettre suivante de Collart que 1 « Sans les malheurs qui sont arrivés, dit Cassard en terminant son rapport, ils n'eussent pas été quittes à si bon marché... On n'a jamais veu tant de valleur dans les officiers et dans les troupes. »


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