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ET LA MARTINIQUE
ne manquât pas de vivres et fût nantie de tout ce qu'il lui faudrait pour attaquer la ville. Non loin de la batterie de Pescadère, s'étendait un lac, séparé de la mer par une étroite chaussée. Bandeville la fit ouvrir pour établir une communication. De cette manière les bateaux, qui venaient d'aborder au mouillage, allaient pouvoir transporter les mortiers et les munitions jusqu'à un chemin conduisant devant la ville. Tandis que s'opérait ce percement,
le
commandant,
hommes alla reconnaître
accompagné
de
les approches des
cinquante
remparts et
s'assura de l'endroit où les mortiers pourraient être avantageusement placés. Le matin du 24 février, il fit solennellement avancer toutes les troupes, drapeaux déployés, tambours battants. C'était une manière de prouver à l'ennemi que le combat de la surveille n'avait nullement ralenti notre ardeur. Dans la même journée du 24, à quelque distance du campement, au milieu d'un champ de cannes de millet assez hautes pour masquer à l'assiégé le travail des ingénieurs, furent commencés l'épaulement et la plate-forme de la batterie projetée. Lé lendemain 25, le même travail fut continué et achevé. Pendant la nuit, « on voitura les mortiers » arrivés par le lac. Le 26, à huit heures du matin, la batterie étant prête à tirer, le chevalier de Ligondès, major du second bataillon, fut envoyé au gouverneur de Corossol pour lui demander « s'il vouloit laisser mettre sa ville en poussière ou venir à contribution ». Il répondit « qu'il défendroit la place jusqu'à la dernière goutte de son sang ». Bandeville transmit à Cassard cette belle réponse. L'ennemi jusqu'alors avait semblé indifférent à nos préparatifs d'attaque. Mais, le 27, des vigies montées au plus haut des mâts de ses navires, découvrirent les travaux de notre batterie. Toute l'artillerie de la ville se mit à tonner contre les mortiers encore silencieux. Son tir mal dirigé ne produisit aucun dégât. A neuf heures du matin, une lettre de Cassard