Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

pelotons placés en diverses embuscades pour entraver la marche des assiégeants. En sortant de là, on rencontre une assez grande maison abandonnée, où la troupe s'arrête et passe la nuit. Le 22 février fut une journée des plus rudes. L'armée, partie au lever du soleil, aperçoit , après une heure de route, un gros de cavalerie stationnant sur la crête d'un morne que l'on ne pouvait éviter. Craignant qu'un retranchement ne soit établi en cet endroit, Bandaville commande la marche sur trois colonnes. La cavalerie à cette vue quitte la hauteur et disparaît. On reprend la marche ordinaire. Le morne gravi, la troupe descend le long d'un chemin creux, qui se continue entre deux murailles et débouche dans une petite plaine. En face, au pied d'un coteau, un corps de soldats hollandais se tient rangé en bataille. On reconnaît alors que ce monticule est retranché. Derrière une batterie de neuf petits canons, se trouve un gros d'hommes armés, au milieu desquels on apercevait des visages noirs. Bandevilles'arrête, étudie la situation ; puis, tandis qu'il se laisse voir à l'ennemi comme hésitant, il fait pratiquer à sa droite une brèche dans la muraille. Son but est de lancer par cette ouverture un tiers de sa troupe vers une hauteur qui va permettre, en la tournant, de prendre le retranchement à revers. La trouée faite et le détachement lancé — la marche des hommes qui le composent étant dissimulée par des accidents de terrain — Bandeville s'avance à la vue de l'ennemi et fait disposer en trois colonnes le reste de sa troupe, à l'entrée de la plaine. Lorsqu'il juge que le détachement chargé de faire diversion est arrivé sur la hauteur, il marche fermement à la tête de son monde, vers l'assiégé, afin de l'atteindre à la fois de face et de flanc. L'important est de bien combiner le moment de la double agression. L'ennemi était trop occupé de ce qui se passait devant lui pour s'inquiéter de ce qui pouvait venir à sa gauche par la hauteur, d'ailleurs considérée comme impraticable, à cause des raquettes (ronces)


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