ET LA
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MARTINIQUE
19, Cassard écrit à Bandeville qu'il le laisse maître de faire rembarquer les troupes ou d'aller en avant. Sur ce, Bandeville — dont l'esprit de prudence et d'entente sous tous les rapports est très remarquable — se résout à retourner au Téméraire pour conférer avec son chef... Ce qui préoccupe surtout l'un et l'autre est de savoir si l'on pourra se servir des mortiers. Le malheur a voulu que la provision de fusées pour différents calibres de bombes se trouvât sur le Rubis disparu. Après une minutieuse recherche à bord du Téméraire, on découvre
130 fusées pouvant à la rigueur s'adapter
aux bombes de ce vaisseau. Bref, la marche en avant est décidée et les dispositions sont prises pour assurer le transport, par bateaux, des mortiers et munitions, jusqu'à la batterie Pescadère, à une lieue de la ville, située à l'autre bout de l'île. Le matin du
20 février, Bandeville retourne au camp et organise ses détachements en quatre bataillons : le 1er commandé par M. de l'Espinay ; le 2e, par M. de Rutty, l'un et l'autre de 280 hommes, avec chacun 18 officiers ; le 3e, composé de 320 habitants et flibustiers de la Martinique, commandé par M. de Collart1 ; et le 4e, formé des officiers mariniers et matelots détachés de l'escadre, au nombre de 180 hommes, commandé par M. d'Héricourt, le tout donnant un ensemble de
1170 hommes, en comptant l'arrière-garde et ses
officiers. On venait d'apprendre par les prisonniers que l'ennemi prétendait pouvoir nous opposer Le
3000 insulaires environ
21, dès la pointe du jour, la petite armée se met en
marche dans l'ordre ci-dessus indiqué. Après une heure de chemin, Bandeville, obligé de suivre un défilé, dominé à droite et à gauche par des hauteurs, dont heureusement l'ennemi n'avait pas su profiter, pénètre
avec défiance et
précaution dans ce passage étroit. Il eût suffi de quelques
1 Il avait, parmi ses officiers, deux de ses fils servant comme enseignes.