Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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ET LA MARTINIQUE

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Tout autre que Jacques Cassard eût vu, dans ces deux événements si rapprochés, un mauvais présage et plié sous les coups de la fatalité qui le frappait. Lui ne se laissa pas abattre. Il avait pris sa résolution; rien ne pourrait l'en détourner. Cependant la disparition du Rubis, plus fâcheuse en un sens que la perte du vaisseau-amiral, dont on avait sauvé tout le personnel, privait l'escadre de 650 hommes. Il ne restait que 600 soldats, plus 350 habitants et flibustiers, heureusement « tous de bonne volonté ». Quant aux forces de l'ennemi, les indications rassurantes, précédemment obtenues, n'offraient aucun caractère de certitude. Rien n'était moins sûr que ces forces ne fussent pas de beaucoup supérieures à celles dont Cassard allait pouvoir disposer. Les assiégés d'ailleurs n'allaient pas ignorer les malheurs survenus à l'escadre. Pour eux, c'était une raison d'opposer une résistance à laquelle peut-être ils n'auraient pas songé... Toutes ces réflexions vinrent à l'esprit des officiers. Le chef lui-même en fut pénétré. Mais s'arrêter maintenant à les peser avec prudence, était superflu. L'honneur commandait. Il fallait obéir.

XIX Le débarquement s'opéra le 18 février, à dix heures du matin. Cassard mit pied à terre le premier, «. pour donner l'exemple ». Les officiers et les troupes le suivirent « avec une vivacité incroyable », et l'on put se mettre en bataille sans recevoir un coup de fusil. L'ennemi présent à la descente, surpris par la rapidité de l'action, se replia dans un retranchement élevé sur une hauteur voisine. Sept cents hommes environ défendaient cet ouvrage construit en pierres à hauteur d'épaule. Cassard, à la tête de sa troupe, marcha droit à eux. Salué par une décharge de mousqueterie, il fut


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