Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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ET LA MARTINIQUE

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treprendre sur Nieves et j'ai été obligé d'aller à Saint-Christophe. Tout le monde convient en ce pays-ci que nous avons fait plus de trois millions de ravages. Si les vivres n'avoient pas manqué aux flibustiers, j'aurois pu y rester encore huit jours. Messieurs les flibustiers m'abandonnèrent aussitôt qu'ils eurent mis à la voile. On ne sçait ce que c'est que de les contraindre à la moindre chose. Il n'en est pas de même des habitans et milices de ce pays. Elles sont par troupes connoissant fort bien les officiers et servent avec plus d'exactitude que ne le font nos milices en France. Je dois, monseigneur, cette justice à M. Collard et à M. du Buq, qu'ils se sont portez partout avec une ardeur qui n'est pas commune. Je suis, etc. « CHAVAGNAC.

»

Au sujet du butin fait à Saint-Christophe sur les Anglais, nos chroniqueurs ont parlé de

1500

nègres et de l'enlèvement

de tous les moulins à sucre. Nous serions disposé à les croire, si, dans une pièce datée à la Martinique,

8

mars

1706,

les miliciens de cette île ne déploraient « la mauvaise fortune du butin, attribuée aux contre-temps survenus par le mauvais temps... » Néanmoins « les habitants et flibustiers », désirant témoigner au comte de Chavagnac leur reconnaissance pour ses bons procédés, viennent le supplier (Collart portant la parole) de vouloir bien accepter six noirs provenant dudit butin. Sans doute le commandant se contenta d'agréer l'expression de la gratitude de ces braves gens. Mais cette démarche n'est-elle pas de nature à faire supposer que, s'il y eut un immense butin dans cette campagne de

1706,

ce n'est

pas de Saint-Christophe que l'on dut le rapporter? Les Anglais avaient eu la précaution, ne croyant pas Nièves attaquable, de faire passer leurs richesses dans cette petite île très bien défendue, leur refuge ordinaire... Nièves est donc l'endroit sensible, celui qu'il faut atteindre pour faire regretter amèrement à l'ennemi ses

déprédations à notre

égard. Là se retrouveront les dépouilles de nos colonies ravagées par les deux Codrington. L'escadre commandée par d'Iberville, qui vient d'arriver à la Martinique, va se COLLART (250) 23


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