Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

tout ce qui se trouvait entre le fort et le camp français. L'ennemi sortant veut s'y opposer. Autre combat acharné soutenu par Collart et ses milices, qui, pour la seconde fois, repoussent les Anglais. Tout ce qu'ils avaient dessein de protéger est livré aux flammes, jusqu'à un corps de garde construit au pied du fort. Le 27 février, « n'y ayant plus rien à faire et les vivres pressant, » dit le rapport, Chavagnac fait « crever » deux pièces de canon qui étaient à la redoute et fait rembarquer les flibustiers1. Le 28, jour de l'appareillage, le commandant avait résolu de les maintenir à côté de l'escadre pour les convoyer jusqu'à la Martinique ; mais ils forcèrent de voiles et s'éloignèrent, uniquement préoccupés « de serrer leur petit butin qu'ils voulaient mettre en sûreté ». Le 1er mars, Chavagnac, forçant lui-même de voiles pour les rattraper, sans y réussir, passe à trois lieues de Montserrat, « bien fâché de ne pouvoir y aller. » Nous avons laissé au récit du comte de Chavagnac toute la simplicité de sa forme, afin de présenter un tableau aussi réel que possible de l'expédition. L'ennemi, battu en quatre rencontres, a dû faire en hommes des pertes sensibles. Mais les chroniqueurs, en avançant que les Anglais subirent de de notre part « un carnage effroyable », ont singulièrement exagéré. Le chiffre peu élevé de nos pertes suffirait pour les contredire. Nous eûmes sept tués, dont un officier, et treize blessés dont deux officiers, ce qui certes ôte créance à un prétendu « carnage effroyable » infligé à l'ennemi. La lettre d'envoi, dont M. le comte de Chavagnac accompagna son rapport au ministre, rend trop bien justice aux milices de la Martinique pour qu'il nous soit permis d'en omettre ici la reproduction : « A la rade du Fort-Saint-Pierre de la Martinique le 16e mars 1706, « Monseigneur, les vents m'ayant contrarié, comme vous verrez par le journal que j'ai l'honneur de vous envoyer, je n'ay pu en1 On doit supposer ici que la flotte était venue joindre le corps français à la Pointe-de-Sable.


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