Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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ET LA MARTINIQUE

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La première, dont l'armement s'opérait à Brest, était commandée par le comte de Chavagnac; la seconde, préparée à Rochefort, avait pour chef le capitaine de vaisseau d'Iberville. M. de Chavagnac, parti le premier, vers le 15 décembre 1705, était parvenu à la Martinique vers la fin de janvier 1706. Quand le Gouverneur général vit arriver cette escadre, il fut très surpris. Voici pourquoi. Au lieu de se conformer simplement aux ordres du Roi, M. de Machault avait imaginé d'écrire en substance à Louis XIV que, ne partageant pas ses idées sur la politique de représailles, il le suppliait de vouloir bien laisser la Martinique à ses travaux de culture, sans quoi les habitants, appauvris déjà par la guerre, seraient exposés à mourir de faim (14 décembre 1705). N'ayant pas reçu de réponse immédiate, le gouverneur, persuadé que ses représentations avaient eu bon accueil à la cour, était resté dans une complète inertie1. Le comte de Chavagnac, qui s'attendait à quelque chose de semblable, ne perdit pas un instant à se plaindre. Des indications lui avaient été données à Versailles dans les bureaux du ministère. Il pria Machault de le mettre en rapport avec Collart et du Buq, dont on lui avait beaucoup parlé... Des explications données par le commandant de l'escadre, il ressortit que le Roi, ne pouvant faire entièrement les frais de cette campagne, les colonies de la Martinique et de la Guadeloupe devraient compléter ce qui serait nécessaire à Tarmement, en moyens de transport, en hommes et en vivres, comme on avait procédé pour Saint-Eustache et Saint-Christophe en 1689. Le butin paierait autant que pos1 Le Roi s'était montré très irrité de la hardiesse de Machault. Il n'eut connaissance de sa lettre que fort tard, en avril 1706. Il lui fit répondre vertement par le ministre. Dans sa dépêche, pleine de hauteur, celui-ci blâme M. de Machault d'avoir osé discuter les ordres du Roi, et ajoute qu'il regarderait comme extrêmement regrettable que, réflexion faite, le Gouverneur général n'ait pas obéi aux injonctions de Sa Majesté (14 avril 1706). On doit avouer que Machault, bien qu'animé de bonnes intentions, avait commis là une très grande faute. Heureusement, grâce au zèle et à la valeur des troupes martiniquaises, cette faute n'eut pas de conséquences fâcheuses.


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