Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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ET LA MARTINIQUE

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On aurait voulu que, plus entreprenant, Gabaret se fût porté, par la môme occasion, sur la batterie des Anglais. La Malmaison, qui se dépitait dans le fort, avec ses 370 hommes, lui avait envoyé proposer d'en faire la tentative. Les troupes qu'Auger avait près de lui, à l'embouchure de la rivière des Galions, se seraient jointes à celles que le fort pouvait fournir sans inconvénient et tout donnait à espérer que les Anglais, restés à la Basse-Terre, n'auraient pu résister à cette attaque bien combinée. Gabaret ne le voulut pas, dans la crainte de perdre trop de monde. Le sentiment était louable. Presque tous les miliciens étaient pères de famille. Mais, répondait-on, en laissant les Anglais user de leur batterie comme ils le faisaient depuis trois jours, le fort, déjà endommagé, ne pourra tenir longtemps. Cette objection aurait préoccupé Gabaret si l'abandon et la destruction du fort n'étaient tout d'abord entrés dans son plan de défense. On critiqua vivement cette idée. La Malmaison protesta, demanda un ordre par écrit. Auger fit son possible pour dissuader le commandant en chef de commettre ce qui, suivant lui, était une imprudence — ce que certains, en arrière, qualifièrent de trahison. Cependant Gabaret ne céda pas. Le fort de la Basse-Terre fut évacué le 11 avril. On devait le démanteler par la mine. Mais la plupart des mèches, humides ou mal arrangées, s'éteignirent, et le fort resta solide sur sa base. L'explosion fit juste assez de bruit pour avertir les Anglais qu'il s'était passé quelque chose d'anormal du côté des Français. Pendant tout un jour l'ennemi se défia; puis, comme La Malmaison s'était éloigné avec sa troupe, les Anglais purent s'assurer que l'abandon était réel. Ils réparèrent le fort, le COLLART (250)

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