Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

celle de l'assiégé. Le fort de la Basse-Terre s'élevait à l'endroit où se trouve aujourd'hui le fort Richepanse, beaucoup plus vaste que son devancier. Considéré de la rade, il était à gauche de la rivière des Galions, près de son embouchure, en vue d'une colline derrière laquelle débouche ladite rivière. Les Anglais, occupant le bourg de la Basse-Terre, attaquaient le fort au N. et au N.-O., tandis que les Français, hors du fort, en défendaient les approches à l'E. et au S.-O. On avait garni de retranchements les bords de la mer et ceux de la rivière des Galions, afin d'empêcher l'ennemi de tourner la position de ce côté. Mais par les hauteurs au N. et à l'E., il était possible aux assiégés comme aux assiégeants de cherchera s'envelopper. C'était là que les efforts des uns et des autres allaient se porter, les Anglais par les chemins qui conduisent aujourd'hui au camp Jacob, ou par la ravine l'Espérance, les Français par les chemins des hauteurs d'où vient la rivière des Galions. Le 3 avril, les troupes martiniquaises, parties la veille du port Sainte-Marie, joignirent les défenseurs du fort vers midi. Gabaret les fit défiler bruyamment, à la vue de l'ennemi, sur la colline du S.-O., trompettes en tête et tambours battants. Les Anglais, semblant ne pas les voir, commencèrent à tirer de leur batterie sur le fort et continuèrent ainsi pendant tout le défilé, comme pour montrer que cette démonstration leur était indifférente. On se rappelle qu'au dernier siège, la seule vue du renfort martiniquais avait fait rembarquer les troupes britanniques. Il est à croire que le père de Codrington avait recommandé à son fils de ne pas se laisser émouvoir par un tel spectacle. Si Gabaret, comme on le prétend, comptait sur son défilé pour produire beaucoup d'effet sur les Anglais, il fut trompé dans son attente. Du Parquet, suivant les ordres qu'il avait reçus, avait laissé à Sainte-Marie une centaine d'hommes pour garder les abords de la flottille qui devait fournir les approvisionnements. Les vaisseaux de guerre, le débarquement opéré, étaient retournés à la Martinique.


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