Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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ET LA MARTINIQUE

pour venger cet échec. Composée de huit vaisseaux, portant plus de trois mille hommes de troupes, cette escadre était commandée par le chevalier Christophe Codrington, ancien gouverneur de la Barbade, maintenant capitaine général et gouverneur en chef des possessions anglaises aux îles d'Amérique. Depuis le 27 août 1689, comme il a été dit, M. de Guitaud avait prévu que les Anglais ne resteraient pas longtemps sous le coup de leur défaite à Saint-Christophe et qu'il était indispensable de se préparer à les recevoir si l'on voulait conserver cette île. Nous verrons que la cour de France, bien qu'avertie et comprenant le péril, s'était vue dans l'impossibilité d'agir assez vite pour prévenir l'attaque des Anglais. Guitaud n'avait reçu aucun renfort, aucun secours (et, pour comble, la colonie était décimée par la fièvre jaune, qui venait d'enlever 450 colons) lorsque, le 30 juin 1690, Codrington vint débarquer ses trois mille hommes de troupes sur les côtes de Saint-Christophe. Notre gouverneur, n'ayant pas assez de forces pour empêcher ce débarquement, livra bataille aux Anglais dès qu'il lui fût possible de les joindre. Plus d'une fois, devant l'élan de nos milices, l'ennemi plia ; mais on ne put l'obliger à regagner ses vaisseaux. Guitaud laissa trois cents hommes au dehors pour harceler les Anglais et détruire par le feu le bourg de la Grande-Rade afin de les empêcher de s'y fortifier. Puis, toutes précautions prises pour l'approvisionnement, le gouverneur, résolu à ne céder qu'à la dernière extrémité, comme c'était son devoir, se renferma avec trois cents hommes dans le fort Charles, notre récente conquête. Il s'y tint sans faiblir pendant quarante-cinq jours, attendant qu'un secours de France ou de la Martinique vînt lui permettre de reprendre l'offensive. Les Anglais avaient déjà perdu trop de monde, dans mainte escarmouche, pour chercher à prendre le fort autrement que par la famine. Ils patientèrent. Le secours ne venant COLLART (250)

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