Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

façons désordonnées du bouillant du Casse qu'il n'aimait pas ; d'ailleurs mécontent de voir que ses demandes de troupes et de munitions pour Saint-Christophe n'avaient produit aucun effet, sollicita instamment son rappel pour des raisons de santé. La nomination du marquis d'Alesso d'Esragny, son successeur, à la date du 1er mai 1690, prouve que le Roi avait pris tout de suite au sérieux le prétexte dont s'était servi le Gouverneur général. Mais celui-ci devait attendre près d'un an avant de pouvoir quitter la Martinique. Quelques mots glissés dans la correspondance de Guitaud font comprendre la cause principale de la mésintelligence survenue entre les hauts fonctionnaires de la colonie. Il faut convenir que Blénac avait usé bien modérément de la flottille de guerre, mise à sa disposition en juillet 1689. Le Roi lui avait prescrit de s'emparer de Nièves et autres îles appartenant aux Anglais. Blénac s'était contenté d'agir à Saint-Christophe et, malgré les instances de son entourage, il avait commis la faute de transporter la colonie anglaise à Nièves, au lieu de l'envoyer à la Jamaïque, comme le souhaitaient ses conseillers. Les Anglais profitèrent de cet avantage pour se concentrer dans la petite île si voisine de SaintChristophe, afin de reconquérir plus vite leur colonie préférée. Que devait faire Blénac pendant qu'il disposait à son gré de la flottille? Prendre Nièves, la saccager, en transporter les habitants aux possessions anglaises des Antilles les plus éloignées de Saint-Christophe. Rien ne lui était plus facile. Par une économie mal entendue et surtout par crainte de voir la Martinique attaquée pendant qu'il serait à Nièves, il ne le fit pas. Mais combien il dut regretter d'avoir donné trop de créance aux projets supposés des corsaires hollandais contre lesquels, sur de vagues indices (il faut le penser), le ministre l'avait mis fortement en garde! Au moment où nous sommes la faute n'était plus réparable. Le nouveau cabinet britannique, ayant appris la perte de Saint-Christophe, avait envoyé aux Antilles une escadre


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