Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

allusion à l'ordonnance royale du 10 juin 1670, qui avait interdit de nouveau tout commerce étranger dans les îles françaises de l'Amérique. La déclaration de guerre, enregistrée à la Martinique le 7 juin 1672, vint donner à cette défense toute la rigueur de l'exécution. Les navires de la nation ennemie n'eurent plus accès à Saint-Pierre. L'importation des denrées hollandaises, jusque-là tolérée, avait cessé depuis deux ans, et les habitants gémissaient fort de cette suppression. La contrebande, toujours serviable en pareil cas, ne pouvait les consoler qu'imparfaitement. Mauvaise politique qui devait bien coûter à Colbert ! Les Hollandais étaient par-dessus tout des commerçants. Il suffisait de ces entraves pour les pousser à s'emparer de nos colonies, afin d'y maintenir ou d'y rétablir le trafic de leurs marchandises. On en eut bientôt la preuve... Le 23 mars 1674, le Roi écrit au gouverneur : « Monsieur de Sainte-Marthe, la guerre que je soutiens contre les Espagnols et les Hollandois joints ensemble, m'obligeant de prendre un soin particulier de la conservation de mes isles de l'Amérique, j'escris au sieur de Baas, mon lieutenant général ès dites isles, mes intentions, et luy donne mes ordres sur tout ce qui concerne leur conservaon, et quoyque je sois bien certain que vous exécuterez ponctuellement les ordres qu'il vous donnera pour la conservaon de celle de la Martinique, en laquelle vous commandez, je ne laisse pas de vous dire que je me repose sur votre valeur et sur votre expérience pour la conserver, et m'assurant que vous me donnerez, en toutes les occasions quy se présenteront, des preuves de votre valeur et de votre expérience, je prie Dieu, Monsieur de Sainte-Marthe, qu'il vous ayt en sa sainte garde. Signé : Louis, et plus bas : Colbert. »

Bien que cette lettre sentît la poudre, rien n'avait pu faire supposer aux Martiniquais — comme au gouverneur — qu'ils seraient attaqués d'abord si tôt, ensuite où ils le furent, et enfin que Michel-Adrien Ruyter, amiral de Hollande, dont la renommée était alors universelle, viendrait exprès d'Europe avec sa flotte pour leur faire cet honneur.


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