Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE

COLLART

cette flottille, du Parquet mit, comme troupe de descente, cent cinquante braves de son île, placés sous les ordres de la Pierrière. Son but était de désorganiser les sauvages se préparant à une invasion générale. Cette poignée de Martiniquais résolus allèrent, avec les quatre navires qui les soutenaient de leur artillerie, ravager les carbets à la Grenade, à SainteLucie et à Saint-Vincent. Les succès locaux ainsi obtenus, non sans effusion de sang, au lieu d'épouvanter les Caraïbes, les poussèrent à demander secours à leurs frères de la terre ferme, c'est-à-dire de la Guyane. Pendant que la flottille de Baillardel renouvelait son expédition de la Grenade, où la ruse de l'ennemi l'avait attirée, plus de deux mille sauvages, embarqués sur une nuée de pirogues, vinrent se jeter sur la Martinique et attaquer du Parquet si subitement, dans son habitation de la Montagne, qu'il se vit enveloppé. Obligé de se défendre uniquement avec sa garde et « les grands chiens qu'il nourrissoit chez luy, il se battit en lion, soutint toutes leurs attaques, et fit dans cette occasion tout ce que peut un grand courage. » Cependant, les habitants eux-mêmes, surpris, n'ayant pu le secourir, du Parquet allait être forcé dans son château et massacré avec ses compagnons, dont plusieurs étaient déjà tombés, lorsque les capitaines de quatre vaisseaux hollandais arrivés en ce moment à Saint-Pierre, informés du danger dans lequel se trouvait le gouverneur, envoyèrent trois cents hommes de leurs équipages pour le soutenir. A la vue de cette troupe armée, dont rien n'avait pu leur faire soupçonner la présence, les sauvages lâchèrent pied. Du Parquet dégagé les poursuivit avec les braves fusiliers hollandais... Il se fit dans cette chasse un tel massacre des Caraïbes que bientôt le reste de ce malheureux peuple fut réduit à quitter la Capesterre et à laisser la Martinique en paix. Les marins bataves nous rendirent ce jour-là un service important, que du Parquet n'oublia pas... Vingt ans plus tard, en 1674, (la suite du récit le montrera), les vicissitudes de la guerre eu-


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