Origines de la Martinique : le Colonel François de Collart et la Martinique de son temps

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FRANÇOIS DE COLLART

tuite, « une fatalité. » Il est de fait, qu'à la lecture de la lettre de M. de Poincy, son futur successeur ne fit plus d'objection. Six mois après seulement, on reconnut le danger de permettre au Commandeur de rester à Saint-Christophe comme simple particulier. Mais on eut le tort, ce semble, de ne pas réfléchir qu'en refusant d'accéder à son désir, on lui donnait jusqu'à un certain point le droit de répondre : alors je ne cède plus ma placé. Il y a lieu de croire que l'on s'abusa sur les inconvénients probables d'une telle situation, et, s'il en fut ainsi, on commit une faute. Quoi qu'il en soit la Compagnie — lorsque son attention fut attirée sur cette difficulté — ne se montra guère habile. Au lieu de louvoyer, elle obtint de la Reine une lettre de cachet (signée du jeune Roi âgé de sept ans) enjoignant à de Poincy de quitter Saint-Christophe

aussitôt

qu'il l'aurait

reçue (25 février 1645), et Lonvilliers, déjà parti pour la Rochelle afin de s'embarquer, fut chargé, par une autre lettre du Roi (10 mars), de remettre à son oncle cet ordre impératif. Patrocles l'avait accompagné d'un mot courtois assurant Poincy de son dévouement aux intérêts qu'il laisserait à Saint-Christophe. C'était trop de bonté! Le destinataire dut prêter aux termes insinuants de ce billet un sens ironique qu'ils ne comportaient pas. Une imprudence

plus grave venait d'être commise au

siège de la Compagnie. Un jour que le sieur Aubert défendait Poincy chez le président Fouquet et cherchait à le justifier des accusations portées contre lui, un des membres du bureau « s'emporta jusques à luy dire (à Aubert) qu'ils luy feroient couper la teste (à Poincy) s'ils le tenoient en France. » Aubert partit pour Saint-Christophe (un peu avant Lonvilliers) avec cette parole à rapporter au Commandeur. Il est facile de comprendre l'effet qu'elle lui produisit... Ses amis, et toute sa parenté, n'eurent pas de peine à le convaincre que sa tête était en jeu, s'il quittait Saint-Christophe. A partir de ce moment sa résolution fut arrêtée. Qu'avait-il à


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