Grandes figures coloniales I : Victor Hughes, le conventionnel

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LES ANTILLES AVANT 1789

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Les dominicains enviant l'honneur de le posséder, il alla loger chez eux. Il y fut reçu encore plus magnifiquement, lui et toute sa cour. Les prévenances redoublèrent. SaintPierre n'avait jamais offert un pareil spectacle de joie et de fête. Le gouvernement fut éclipsé totalement. Le prince courtisait toutes les femmes, se livrait à tous les excès du vin et de la table mais ne démentit jamais son caractère de grandeur et de désintéressement. Après sept mois de profusion, on trouva que Son Altesse coûtait un peu cher. Il s'embarqua sur le navire Raphaël, avec toute s a maison, un aumônier et le médecin du roi, Garnier. Il partit le 12 août 1748, salué de 21 coups de canon par le fort et en arborant le pavillon amiral. Le 13 août, il s'arrêta à la Guadeloupe et fut magnifiquement traité. Un Te Deum fut chanté à la cathédrale et le soir il y eut un feu d'artifice et des illuminations. Quinze jours après son départ de la Martinique, le gouverneur qui avait écrit au ministère reçut l'ordre d'arrêter l'imposteur et de l'envoyer en France par premier bâtiment pour être jugé. Dans sa lettre (18 juin 1749) au marquis de Caylus, le ministre de la Marine témoignait combien il était indigné de cette mystification et annonçait que le prétendu


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