Grandes figures coloniales I : Victor Hughes, le conventionnel

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VICTOR

HUGHES

Public avait décidé une grande importation de céréales d'Amérique et l'amiral Vanstabel avait reçu l'ordre d'escorter jusque dans nos ports les deux cents navires des États-Unis chargés de blés qui devaient servir à la subsistance publique. Bien entendu, les Anglais avaient résolu de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher l'arrivée en France de ces secours et préparaient un immense armement. Jean Bon Saint-André, proconsul tout puissant, faisait des efforts surhumains pour reconstituer l'escadre de Brest, seul espoir de la nation. Cette escadre était malheureusement constituée de vaisseaux ayant fait les campagnes d'Amérique ou de l'Inde, vieux de près de vingt ans. Il fallait les réparer tous, certains avaient la carène percée de vers et recouverte d'une couche de coquillages et, pour les armer, il n'y avait que des canons rongés par la rouille, contemporains de Duquesne et de Tourville. Les matelots les appelaient les « noie-monde ». Les équipages décomposés furent remplacés à la manière prompte et violente des Jacobins : on plaça à bord des vaisseaux de la république des paysans qui n'avaient jamais navigué, de jeunes réquisitionnaires, étrangers au rude métier de matelots, ou bien des pêcheurs de la côte qui n'étaient jamais montés à bord


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