Belain d'Esnambuc et les Normands aux Antille

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— 66 — en quelque sorte suspendre leur agonie, en leur annonçant une victoire glorieuse pour le pays (1). Nos colonies, quoique assez fortes pour ne plus craindre de périr, n'en sentirent pas moins le préjudice que leur causait la mort de celui qui avait été l'âme de leur établissement. Elles purent apprécier ses mérites, surtout en le comparant avec ses successeurs. Dutertre, qui n'a été que l'écho des sentiments des Antilles, n'a pas de louanges assez fortes pour la mémoire d'un homme que, selon lui, ses vertusdevaient rendre immortel. « Les habitants, dit-il, l'ont pleuré comme leur père, les ecclésiastiques comme leur protecteur, les colonies de Saint-Christophe, de la Guadeloupe et de la Martinique l'ont regretté comme leur fondateur. » Etranges jeux de la Renommée, non moins aveugle que la Fortune, puisque l'historien même qui reconnaissait si bien les mérites du pionnier, en faisant de lui un cadet de la maison Dyel de Vaudroques, effaçait son nom patronymique, ne permettait plus ainsi de reconnaître sa famille, et qu'il a fallu plus de deux cents ans avant que l'histoire, soucieuse d'honorer les existences fécondes, pût retrouver les traces et reconnaître le berceau de ce personnage.

(1) Un fait de cette nature m'a été conté avec éloquence par M. V. Cousin, le grand écrivain, qui sait et a peint si bien le dix-septième siècle.


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