Belain d'Esnambuc et les Normands aux Antille

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— 58 — 200 passagers, chacun au taux de 200 livres de pétun à recevoir à Saint-Christophe ou à la Martinique; que, si les habitants ne les payaient pas, les capitaines pourraient réclamer le prix du passage en France aux agents de la Compagnie. — Il y a lieu de croire que les passages eurent lieu en assez grand nombre, puisqu'en 1637 celle-ci donnait ordre que l'on prit bien soin de proportionner le nombre des emigrants à la grandeur des vaisseaux. La Compagnie donnait particulièrement sa protection aux hommes mariés et aux artisans. — Aux uns et aux autres elle fit de grands avantages. D'abord, comme je l'ai dit, elle exempta de tous droits les femmes, les filles et les enfants, qui assuraient le développement de la colonie. Ensuite elle arrêtait, le 7 mai 1636, que ceux qui mèneraient leurs femmes à Saint-Christophe et dans les autres îles pour y demeurer avec eux, ou qui s'y marieraient, ne payeraient que 60 livres de pétun. La venue des femmes commençait réellement la vie sociale, mais celle des artisans pouvait seule donner le bien-être à la population : aussi la compagnie ne recula devant aucuns frais pour en envoyer, sous la condition expresse que, loin d'abandonner leur état pour cultiver du tabac, ils s'y livreraient au contraire tout entiers, afin que les habitants eussent leurs nécessités à un prix raisonnable. — Elle proposait à d'Esnambuc d'affecter la Pointe-de-Sable à la résidence de ces artisans. (4 juin, 1er septembre 1636.) En même temps que la Compagnie donnait ses soins à l'émigration avec autant d'habileté que de constance, elle organisait le pays, elle instituait des agents ou des officiers pour les divers besoins d'une société régulière, elle établissait des notaires, des greffiers, des juges, des sergents de bandes.


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