Belain d'Esnambuc et les Normands aux Antille

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—24— bien loin de s'y attendre, leur présenta l'occasion d'accomplir une partie de leurs désirs. Ils n'avaient pas eu le galion ; la fortune leur offrit une ile, l'île qu'ils cherchaient, « l'île fertile et capable d'être habitée par les François. » Voici comment. — Dans le port de Saint-Christophe, où ils atterrirent, ils trouvèrent des compatriotes, dont le chef (1) avait conquis une partie de l'île sur les Caraïbes; mais, soit qu'il fût ennuyé

de voir qu'une autre partie en avait été occupée en

même temps par les Anglais, sous la conduite du capitaine Thomas Waernard, ancien maître d'armes de Charles Ier, soit qu'il ne se sentit pas assez fort pour continuer les frais d'une telle entreprise, peut-être aussi par quelques raisons d'amitié avec les nouveaux venus, Normands comme lui, toujours est-il qu'il céda ses droits sur la partie de l'île qu'il avait conquise, et que, lorsqu'ils quittèrent ces lieux, la propriété des deux compagnons, tant par eux que du fait de ceux qui les avaient assistés jusqu'alors, consistait en deux forts « ès quels il y avoit « quatre-vingts hommes et des munitions pour leur conserva« tion, et aussy des esclaves jusques au nombre de quarante(2). » Il s'agissait maintenant de savoir si d'Esnambuc et Du Roissey sauraient se conserver cette île ; si les deux compagnons, unis dans les mauvais jours, le seraient encore dans la fortune, ou contre des adversités plus grandes. La question n'était pas simple du tout. Il fallait d abord augmenter ce premier fonds de population,

l'entretenir, défendre leur possession contre les

convoitises et les prétentions, puis tirer parti de cette terre. Nos deux Normands vinrent pour cela en France, et, s'adressant probablement à ceux qui les avaient défrayés jusqu'alors,

(1) Je dirai ailleurs son nom que j'ai retrouvé. (2) Appendix, pièce VI.


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