Belain d'Esnambuc et les Normands aux Antille

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IV

Il en est un surtout que je n'oublierai pas : c'est le secrétaire de la mairie de Cailleville, M. Sevestre Plantin, qui s'est laissé gaiement et gracieusement enlever de Saint-Valery, où il était avec ses amis, pour venir me montrer à dix heures du soir, sous l'œil inquiet d'un gendarme, le registre dans lequel ni lui ni moi certainement ne nous doutions alors que j'allais relever l'acte de mariage établissant d'une manière incontestable que d'Adrienne Belain devait sortir directement une famille de princes et de souverains, par le fait même des cruelles nécessités qui chassaient Pierre Belain d'Esnambuc, son frère, du petit domaine de ses pères. Voltaire, dans ses railleries contre la loi de l'enchaînement des faits, prétend que, si Henri IV est mort assassiné, c'était par ce qu'un brahmane, au fond de l'Inde, s'était avisé, il y avait déjà bien longtemps, de partir de chez lui du pied gauche et non du pied droit. — Le conte est ingénieux et spirituel. Mais il est une histoire plus vraie et plus intéressante : c'est celle du départ de notre gentilhomme Normand de sa terre natale, il y a aujourd'hui deux cent cinquante ans. L'acte du registre de Cailleville nous montrera dans ce départ, comme dans les faits qui l'ont suivi, la cause première de bien grands événements auxquels nous avons assisté. PIERRE Paris, le 15 août 1863.

MARGRY.


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