— 75 — que la Mission possédait à la Martinique, au lieu d'en acquérir de nouvelles et très considérables à la Dominique ? N eût-il pas mieux fait de rebâtir les maisons de SaintPierre ou de les mettre en état d'être louées et habitées, au lieu d'en construire, d'autres, à grands frais? A notre avis, il commit une imprudence, il se montra assurément téméraire, en faisant des constructions et des acquisitions, à tout le moins exagérées et superflues, nullement nécessaires aux intérêts de la Mission, blâmables dans un homme de sa profession Il eut surtout le tort d'agir « sans l'appui de ses supérieurs, sachant d'une manière certaine que cet appui lui serait toujours dénié » 2.
Toutefois, des entreprises d'une si haute importance ne s'exécutent pas sans argent ; presque toujours, faute de ressources, elles commencent et n'aboutissent pas, quand elles ne Unissent pas par la faillite. « Les fonds pour fournir à toutes mes dépenses,
P.
Lavalette, méritèrent toutes
dit le
mes réflexions... J'avais
besoin d'argent... Où en trouver ? »
:!
La Mission
n'était
t. Mémoire sur le P. Lavalette cité plus haut : « Le P. Lavalette aurait dù se borner à améliorer ses terres et à les mettre en valeur. Il voulut s'agrandir. La contiance que les habitants de la Martinique avaient en lui et dans ses ressources, sa trop grande facilité à prendre l'argent qu'on lui portait, les gros emprunts qu'il se vit obligé de faire tant pour le payement de l'établissement considérable qu'il venait d'acheterau sieur de Crésols que pour l'achat des nègres multiplièrent presque à l'infini ses engagements... Il y eut de la témérité et de l'imprudence dans ce vaste projet, qui en agrandissant en apparence ses fonds, multipliait cxorbitament ses dettes... » 2. Crétineau-Joly, V, p. 193: Histoire de la Compagnie de Jésus. 3. Mémoire Justificatif.