Le Père Antoine Lavalette à la Martinique, d'après beaucoup de documents inédits

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— 281 — En quelques mois, un envoi considérable de denrées est préparé et expédié sur deux vaisseaux portant pavillon français. Lescorsaires anglais les capturent en pleine paix. L'année suivante (1756), les frères Lioncv, porteurs delà majeure partie de ses titres de créance, font faillite ; et, pour comble de malheur, la déclaration de guerre entre la France et l'Angleterre interrompt les relations avec le continent européen, et fait tomber à vil prix toutes les denrées coloniales.

C'est alors que, pour satisfaire à ses engagements, sans toutefois y parvenir, le P. Lavalette se jeta dans des opérations commerciales. Il acheta pour revendre, il emprunta à outrance, il inonda l'Europe de nouvelles lettres de change, tout cela à l'insu des missionnaires des îles et de ses supérieurs de Paris et de Rome. Harcelés par les créanciers, effrayés par cette avalanche de lettres de change qui leur sont présentées, ses supérieurs lui écrivent de ne plus tirer de lettres, d'envoyer des fonds, de faire savoir où en sont ses affaires temporelles. Il ne répond pas; seulement, en 1760, il envoie deux lettres, où il ne fait aucune allusion à son commerce. Les provinciaux, qui se suc cèdent à la tête de la province de Paris de 1756 à 1761, désignent des visiteurs, chargés d'aller se rendre compte à la Martinique de la situa lion financière du P. Lavalette. Des causes, indépendantes des volontés humaines, les empêchent tous ou de partir ou d'arriver, lit, pendant ce temps, le supérieur de la Martinique continue à exercer le négoce, au mépris de ses règles formelles et des lois de l'Eglise. Enfin, le P. de la Marche, envoyé en qualité de visiteur, arrive à Saint-Pierre après plus de dix mois de navigation,


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