— 236 — lutte contre la Compagnie. Ceux de Rouen et de Rennes se mirent les premiers en mouvement 1. Quoique nous possédions beaucoup de documents curieux et inédits sur ce soulèvement presque général des Parlements de France, nous ne les utiliserons pas ici. Ce travail nous ferait sortir du cadre de cette histoire. Qu'il
nous
suffise donc de rappeler, pour l'intelligence du chapitre suivant, quelques arrêts du Parlement de Paris. Son animosité contre les Jésuites le conduisit, en quelques mois, à une suite d'actes, que les protestants eux-même ont traités de ridicules, injustes, monstrueux, et portant visiblement le caractère de la passion. Le 1er avril 1702, il fait fermer tous les collèges de son ressort. Le 23 du même mois, il place sous le scellé et met en séquestre tousles meubles et immeubles de l'ordre2. Le 1. Le Parlement de Besançon et les Cours souveraines d'Alsace, de Flandre et d'Artois maintinrent les Pères. Cependant, à force d'inlrigueset de manœuvres, on parvint à obtenirde la Courd'Alsace la suppression des Jésuites. Le nombre des suffrages dans plusieurs coursa éléconservé : à Rennes, 32 contre 29 ; à Roue, 20 contre 13 ; à Toulouse, 41 contre 39 ; à Perpignan, '> contre i ;à Bordeaux, 23 contre 18 ; à Aix, 24-contre 22. On voit (pie, dans quelques Cours judiciaires, la majorilécontreles Jésuites fut de quelques voix seulement. A Metz, à Dijon, à Pau et à Grenoble, la lutte fut longue et la victoire des ennemis de la Société chèrement achetée. 2. Le duc de Croy dit dans son Journal, t. II, p. 40 : « Les affaires des Jésuites devenaient bien sérieuses. On les regardait comme perdus, d'autant qu'au l** avril ils devaient déguerpir de leurs collèges de Paris... On disait que M. de Choiseul disait qu'il ne fallait pas regarder cela comme affaire d'Etat et qu'il ne les soutenait pas. Cependant, le 10 mars, le Roi envoya une déclaration au Parlement, qui leur était favorable et allait bien faire du train, car elle ne contentait personne, point les Parlements qui voulaient leur destruction totale, et point les Jésuites à qui on voulait mettre des Provinciaux dépendant du Roi, et les séparer presque entièrement de leur général et des autres Jésuites du monde. » — Et p. 58 : « L'arrêt que la Cour avait envoyé, un peu en faveur des Jésuites, au Parlement fut