Le Père Antoine Lavalette à la Martinique, d'après beaucoup de documents inédits

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y songer ; elles avaient beaucoup perdu de leur valeur, depuis le commencement de la guerre, et, de plus, les esclaves que l'épidémie avait enlevés, n'avaient pas été remplacés, et par suite l'agriculture avait été négligée. La diminution du produit des denrées était considérable. C'est ce que le P. de la Marche constata en 1762 Vendre les maisons de rapport à Saint-Pierre ? Elles constituaient, à cette époque, le seul revenu fixe de la Mission ; sans ce revenu, il eût été impossible de la soutenir ? Le P. Lavalette ne pouvait pas songer non plus, endetté comme il L'était, à faire de nouveaux emprunts pour payer l'intérêt des dettes existantes 2. Si l'on s'en rapporte à son Mémoire, il eut alors un moment de terrible désespoir. « J'ai regretté, dit-il, je me suis repenti de m ètre livré à une entreprise, quelque bonne qu'elle fût, qui ne m'a apporté que peines, fatigues, dangers et désagréments... » Il se demanda s'il ri abandonnerait pas tout... A notre avis, il eût mieux fait de tout abandonner, que de se lancer, tète baissée, dans les opérations que nous allons indiquer sommairement.

Soucieux de faire honneur à ses engagements, redoutant par-dessus tout une faillite et ses conséquences, persuadé du reste que la guerre finirait bientôt et que la paix rétablirait ses affaires gravement compromises, il se ressaisit et reprit courage... Mais, dans la lutte nouvelle où il s'engage, il sort de la voie prescrite aux prêtres et aux religieux. 1. Lettre du 25 mai 1762 au général Laurent Ricci : « Praîdia, maxime Dominicans! insula?, inculta jacere passus est... Fruges vel terra* non mandatée, vel idonea? expertes culturœ. » 2. Restait la vente du tafia. Cette vente lui facilitait le payement de quelques lettres de change, tout au plus.


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