Le Père Antoine Lavalette à la Martinique, d'après beaucoup de documents inédits

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— 130 — cible des événements, il se rendra du moins le témoignage qu'il n'a rien négligé pour vaincre la difficulté des obstacles et faire honneur à ses engagements. C'est dans ces dispositions qu'il organise de nouveaux envois de denrées en Europe, afin de satisfaire ses créanciers, mécontents du retard apporté au payement des lettres de change. Le premier envoi arrive à bon port ; il l'expédie de Saint-Eustache, île des petites Antilles appartenant aux Pays-Bas, et des vaisseaux sous pavillon hollandais le transportent à Amsterdam. Il était adressé à MM. Clorck, Dedel et Compagnie, négociants. Un autre envoi, mais de peu d'importance, arrive heureusement à Cadix, sur des navires de la Martinique, à l'adresse de MM. Vincent La Bue et Compagnie. Enfin, cinq navires et huit bateaux de commerce partirent de Saint-Eustache, sous pavillon hollandais, chargés d'une quantité considérable de denrées, dont une part notable appartenait au P. Lavalette. Les marchandises du Père étaient adressées à MM. Jacob et Adrien Tenmink, négociants à Amsterdam. La guerre avait commencé entre la France et l'Angleterre; et partout, entre les Iles du Vent et la France, les Anglais exerçaient une surveillance active. Les treize bâtiments hollandais tombèrent aux mains de l'ennemi avant d'aborder au port d'Amsterdam. Tous ces divers envois sont de 17o6. Les transports les mieux organisés, risquant d'être pris en route par les Anglais, le P. Lavalette jugea prudent de ne plus expédier désormais, jusqu'à nouvel ordre, ni fonds ni denrées. A partir de 17o7, il n'entretint même que des relations fort rares avec ses supérieurs de Rome et de Paris. C'est l'époque où commence pour lui une nouvelle vie, une vie de lutte, où, par la force des événements, il ne parut pas irréprochables.


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