CHAPITRE CINQUIÈME REVERS
DU P.
LAVALETTE A
LA
MARTINIQUE.
Le P. Lavalette arriva à Saint-Pierre-de-la-Martinique, vers le milieu de mai 1755, sur le même vaisseau qui portait M. de Givry, le nouvel intendant. M. Hurson, rappelé en France, avait quitté l'île depuis quelque temps et se rendait à Marseille, par ordre du Ministre de la marine. A l'exception des chefs de la colonie, on ignorait à la Martinique les vrais motifs de la longue absence du supérieur général. Avant de quitter Marseille, celui-ci avait écrit à MUe de Heuvron, le 20 janvier 1755: « Je sens qu'on va m'épier et m'examiner à mon arrivée à SaintPierre ; mais les curieux seront bien attrapés, car je ne dirai mot sur le sujet et le succès de mon voyage » *. Il ne se trompait pas. Ses adversaires épièrent ses actes, ses moindres paroles ; ses amis essayèrent par des questions insidieuses, le plus souvent indiscrètes, de pénétrer le mystère de son voyage en France. Les uns et les autres en furent pour leurs frais d'espionnage et de curiosité. En somme, le public resta convaincu que ses affaires l'avaient appelé en Europe, et la confiance qu'on lui témoignait, loin de diminuer, ne fit qu'augmenter. 1. Arch. S. J.