Le Père Antoine Lavalette à la Martinique, d'après beaucoup de documents inédits

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l'accusé. « Jamais ses adversaires, malgré leurs efforts réunis, dit le Mémoire sur Lavalette, ne purent jusqu'à l'an 17.56 apporter aucune preuve de sa culpabilité »

Les chefs de la Colonie défendirent l'honneur du Jésuite avec une conviction d'autant plus ferme qu'ils étaient en 1753, seuls, avec le P. Lavalette, renseignés sur la nature de l'accusation. La voici telle que la rapporte dans son Mémoire, le P. de Montigny, qui la connut plus tard, grâce a ses fonctions de procureur général de la province de France : « En 1753, écrit-il, tout semblait réussir au P. Lavalette, et rien ne dérangeait encore le système qu'il s'était fait: ses lettres de change, tirées sur ses correspondants en France, étaient acceptées et payées à leurs échéances, et ses terres de la Martinique et de la Dominique commençaient à le dédommager de ses avances et de ses travaux,, lorsque tant de succès, peut-être des services, ou des prêts sagement refusés, excitèrent la jalousie et la mauvaise humeur de quelques-uns de ses voisins. Ils pensèrent donc sérieusement à détruire une fortune, qui leur faisait ombrage, et le moyen qu'ils jugèrent à propos d'employer, fut de porter leurs plaintes à la Cour et d'y accuser le P. Lavalette de faire le commerce étranger. Afin même de donner plus de couleur à cette accusation, ils assurèrent qu'il s'était transporté dans les îles anglaises, déguisé en matelot. Le Ministre de la marine, M. Rouillé, ne crut pas qu'on pût former contre un prêtre et un jésuite une accusation aussi grave, s'il n'y avait donné quelque fondement. Le déguisement et le voyage aux îles anglaises, qu'on présentait comme des faits avérés, ne lui laissaient pas même 1. Arch. S. J.


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