Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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son père. « Le voici qui arrive, » me dit - il ; je le suivis jusqu'à sa cabane, où il descendit de cheval, tout trempé de sueur, et je me retirai dans la cabane de son père, lequel arriva presque aussitôt que son fils ; il étoit accompagné des quatre capitaines de Caaruruti, du capitaine de Beriti, de ses Indiens, et de plusieurs autres Indiens des deux bourgades, tous bien armés. Il alla droit à la place, la lance à la main ; et, jetant un regard terrible sur les Indiens de Caysa : « Où sont ceux, s'écria-t-il, qui veulent tuer les pères ? Quoi I venir chez moi pour commettre un pareil attentat !» et en achevant ces paroles, il les désarma tous. Il alla ensuite dans sa cabane, d'où il m'ordonna de ne point sortir, et, ayant un peu repris haleine, il retourna dans la place plus furieux qu'auparavant. Les Indiens de Caysa songèrent à la retraite, sans oser demander leurs armes au capitaine : ils les demandèrent à son fils, qui les leur rendit à l'insu de son père, et ils se retirèrent bien confus d'avoir manqué leur coup. On pourrait s'imaginer que le zèle de ces Indiens à prendre notre défense étoit un heureux présage de leurs dispositions à embrasser le christianisme; mais ce seroit mal connoître l'opiniâtreté de leur caractère. Ils regardoient l'entreprise de ceux de Caysa comme une insulte personnelle qui leur étoit faite, et l'ardeur qu'ils firent paroître étoit bien plutôt l'effet de leur ressentiment que d'un véritable attachement pour nous. Aussi leurs oreilles, et encore plus leurs cœurs, n'en furent-ils pas moins fermés aux vérités du salut que nous leur annoncions.


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