Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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touré d'une troupe de femmes, qui me disoient : « Lève-toi promptement : les Indiens de Caysa en veulent à ta vie ; ils se sont déjà emparés de toutes les avenues de notre bourgade, afin que tu ne puisses leur échapper. » Nous fûmes bientôt debout, et nous nous retirâmes dans la cabane du capitaine, comme dans un asile ou les Indiens de Caysa n'entreroient pas si aisément. Il n'y avoit alors que quatre Indiens infidèles dans la bourgade ; tous les autres étoient allés à une fête qui se donnoit à Caaruruti. Ces quatre Indiens avoient déjà pris leurs gros collets de cuir pour nous défendre, et ils faisoient presqu'à tout moment retentir l'air du bruit de leurs sifflets, afin qu'on ne crût pas pouvoir les surprendre dans le sommeil. C'étoit un jeune Indien de Caysa, âgé de vingt a n s , à qui j'avois donné un couteau, qui, par reconnoissance, étoit venu secrètement nous avertir du danger que nous courions. Il nous dit que tous les chemins étoient occupés par un bon nombre de ses compatriotes; que les autres devoient entrer dans la bourgade lorsqu'on y seroit plongé dans le sommeil ; qu'ils comptoient s'en rendre les maîtres, et nous massacrer. Sur cela je fis appeler le plus jeune des enfans du capitaine : a Guandari, lui dis-je ( c'est son nom ) , il faut aller à l'instant à Caaruruti, pour informer ton ère de ce qui se passe; donne-moi cette marque de ton amitié. » Après quelques difficultés qu'il fit sur ce qu'il étoit à pied, et que les chemin» étoient trop bien gardés, il sortit de la cabane, puis revenant un moment après : « J'ai trouvé un cheval, me dit-il : je pars. » Il ne manqua

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