Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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( 206 ) ma v i e , surtout quand j'eus à grimper à pied cette affreuse montagne, qui est entre Caysa et Carapari. Je me trouvai tout baigné de sueur, et tourmenté de la soif la plus cruelle : ma foiblesse étoit si grande qu'à peine pouvois-je dire deux mots à 1 Indien qui m'accompagnoit, et je n'avois pas fait quatre pas qu'il falloit me jeter sur quelque racine d'arbre pour m'y reposer et prendre haleine. L'air étoit tout en feu, et le* éclats de tonnerre ne discontinuoient pas; quoique je n'eusse aucun abri, je souhaitois ardemment que cet orage se déchargeât en une pluie abondante, afin de recueillir un peu d'eau. Comme il ne m'étoit point possible d'avancer., je montai sur ma mule, au risque de rouler à chaque pas dans d'affreux précipices. Dieu me protégea, et, avec le temps et bien de la peine, je gagnai le sommet de la montagne, où je respirai un air un peu plus frais qui me ranima. Enfin, vers minuit, j'arrivai au bas de la montagne, où je trouvai un petit ruisseau. Jugez de la satisfaction que j'eus de vider une calebasse pleine d'eau fraîche, dans laquelle j'avois délayé un peu de farine de maïs. Je vous dirai que, dans la situation où j'étois, cette boisson m e parut supérieure aux vins les plus exquis de l'Europe. J'arrivai à Carapari vers les quatre heures du matin, où j'appris des nouvelles de mon Indien par le capitaine qui étoit de ses parens. Après m'y être reposé quelques jours-, je continuai ma roule jusqu'à la vallée des Salines, où je trouvai mon Indien qu'on y avoit arrêté, et le père Lizardi, qui n'avoit pu rien gagner auprès des infidèles dont les bourgades sont situées vers la rivière de Parapiti. Nous con-


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