Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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( 200 ) frir que j'allasse à sa bourgade ; mais tout ce que je pus obtenir de lui, c'est qu'il feroit prier son oncle, qui en étoit le principal capitaine, de se rendre au lieu où nous étions; il lui envoya en effet un de ses frères. Mais sa réponse fut qu'il n'avoit pas le loisir de venir nous trouver, et que nous eussions à nous retirer au plus vite. Le père Pons prit le devant avec un des deux Indiens chrétiens qui nous restoient, car les quatre autres nous avoient abandonnés. Je demeurai encore quelque temps avec e u x , et je fis de nouvelles instances, mais sans aucun fruit. Il me fallut donc, après tant de fatigues inutiles, reprendre le chemin de Chiquiaca. La nuit me surprit dans ces forêts, et j'eus à y essuyer une grosse pluie, qui ne cessa qu'à la pointe du jour. Les torrens se trouvèrent si fort enflés et si rapides, qu'il ne me fut pas possible de les passer : ce ne fut que le lendemain que je pus rejoindre le père Pons. Los quatre Indiens qui nous avoient quittés s'étoieut rendus à la vallée des Salines, où ils avertirent le père Lizardi du mauvais succès de notre entreprise. Ce père vint nous trouver sur les bords de la. rivière de Chiquiaca, où nous étions. A peine fut-il arrivé, que les pluies recommencèrent avec plus de violence que jamais. Les torrens qui rouloient avec impétuosité des montagnes, enflèrent tellement cette petite rivière, qu'elle se déborda et se répandit à cent cinquante pieds au-delà de son lit ordinaire. Nous nous trouvâmes tous trois sous une petite tente, inondés de toutes parts, sans autre provision qu'un peu de farine de maïs, dont nous fai-


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