Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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a cheval. Je communiquai mon dessein au revérend père recteur du collége, qui fit tout ce qu'if put pour m'en détourner; il vouloit que j'attendisse le départ des missionnaires qui denvoient passer dans deux mois au Chili : le voyage m'eût été plus agréable ; mais comme j'étois pressé, je persévérai dans ma première résolution. Les deux premières journées ne furent pas fort rudes ; mais quand j'eus pénétré plus avant dans ces montagnes, j'y trouvai des difficultés presque insurmontables; il me falloit parfois grimper sur des montagnes escarpées et toutes couvertes de neige, et ensuite me laisser glisser sur la neige dans des vallons où je n'apercevois nul sentier. Enfin, après des fatigues incroyables, que j'eus à essuyer durant sept jours, je me trouvai au-delà des Cordillères. Je marchai droit à Santiago, dont je n'étois éloigné que de quatre lieues, et que depuis deux jours j'avois aperçu du sommet des plus hautes montagnes. Après avoir traversé un lac, partie à gué, partie à la n a g e , j'entrai dans une belle jacra. Je fus agréablement surpris d'y trouver un père jésuite, qui me donna toutes sortes de marques d'amitié; mais il fut bien plus surpris lui-même, lorsque, lui ayant remis une lettre du père recteur de Mendoza, il connut par la date qu'il n'y avoit que huit jours que je n'étois parti. Cette jacra appartenoit au collége de Santiago. Il y a une petite église fort propre pour les nègres et les esclaves, qui forment un village de trois à quatre cents personnes : le père a soin de leur instruction, et il a pour compagnon un frère qui veille à leur travail. Après m'y être


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