Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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( 33 ) Anglais étoit assez imprudent pour vous faire du tort, ne songez pas h vous en venger, mais adressez-moi aussitôt votre plainte, et je vous rendrai une prompte justice. S'il arrivoit que nous eussions la guerre avec les Français, demeurez neutres, et ne vous mêlez point de nos différends : les Français sont aussi forts que nous; ainsi, laissez-nous vider ensemble nos querelles. Nous fournirons à tous vos besoins, nous prendrons vos pelleteries, et nous vous donnerons nos marchandises à un prix modique. » Ma présence l'empêcha de dire tout ce qu'il prétendoit; car ce n'étoit pas sans dessein qu'il avoit amené un ministre avec lui. Quand il eut cessé de parler, les sauvages se retirèrent pour délibérer ensemble sur la réponse qu'ils avoient à faire. Pendant ce tempslà le gouverneur me tirant à part : « Je vous rie, monsieur, me dit-il, de ne pas porter vos Indiens à nous faire la guerre. » Je lui répondis que ma religion et mon caractère de prêtre m'engageoient à ne leur donner que des conseils de paix. Je parlois encore lorsque je me vis tout-àcoup environné d'une vingtaine de jeunes guerriers, qui craignoient que le gouverneur ne voulût me faire enlever. Cependant les sauvages s'avancèrent, et l'un d'eux fit au gouverneur la réponse suivante : « Grand capitaine, tu nous dis de ne point nous joindre an Français, supposé que tu lui déclares la guerre; sache que te Français est mon frère; nous avons une même prière lui et m o i , et nous sommes dans une même cabane à deux feux; il a un feu, et moi l'autre. Si je te vois entrer dans la cabane du côté du feu où est assis mon frère le Français,

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