Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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( 59 ) désagréable, ils se rassemblent sous des espèces de berceaux qu'ils forment de branches d'arbres entrelacées les unes dans les autres, et là ils dansent tout le jour en désordre, et boivent à longs traits la liqueur enivrante dont je viens de parier. La fin de ces sortes de fêtes est presque toujours tragique : elles ne se terminent guère que par la mort de plusieurs de ces insensés, et par d'autres actions indignes de l'homme raisonnable. Quoiqu'ils soient sujets à des infirmités presque continuelles, ils n'y apportent toutefois aucun remède. Ils ignorent même la vertu de certaines herbes médicinales, que le seul instinct apprend aux bêtes pour la conservation de leur espèce. Ce qu'il y a de plus déplorable, c'est qu'ils sont fort habiles dans la connoissance des herbes vénéneuses, dont ils se servent à toute occasion, pour tirer vengeance de leurs ennemis. Ils sont dans l'usage d'empoisonner leurs flèches lorsqu'ils font la guerre, et ce poison est si subtil, que les moindres blessures deviennent mortelles. L'unique soulagement qu'ils se procurent dans leurs maladies consiste à appeler certains enchanteurs, qu'ils s'imaginent avoir reçu du ciel un pouvoir particulier de les guérir. Ces charlatans vont trouver les malades, récitent sur eux quelque prière superstitieuse, leur promettent de jeûner pour leur guérison, et de prendre un certain nombre de fois par jour du tabac en fumée ; ou b i e n , ce qui est une insigne faveur, ils sucent la partie affectée ; après quoi ils se retirent, à condition toutefois qu'on leur paiera libéralement ces sortes de services. Ce n'est pas que le pays manque de remèdes


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