Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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( 31 ) est d'autant plus aisée à Cayenne, que le pays est, pour ainsi dire, sans bornes, extrêmement montagneux, el boisé de toutes parts. Ces sortes de désertions ( ou marronnages ) ne peu vent manquer d'entraîner après soi une infinité de désordres. Pour y obvier, nos rois, dans un code exprès qu'ils ont fait pour les esclaves, ont déterminé une peine particulière pour ceux qui tombent dans cette faute. La première fois qu'un esclave s'enfuit, si son maître a eu la précaution de le dénoncer au greffe, et qu'on le prenne un mob après le jour de la dénonciation, il a les oreilles coupées, et on lui applique la fleur de lis sur le dos. S'il récidive, et qu'après avoir été déclaré en justice, il reste un mois absent, il a le jarret coupé; et à la troisième rechute il est pendu. On ne sauroit douter que la sévérité de ces lois n'en retienne le plus grand nombre dans le devoir; mais il s'en trouve toujours quelques-uns de plus téméraires, qui ne font pas difficulté de risquer leur Vie pour vivre à leur liberté. Tant que le nombre des fugitifs du marrons n'est pas considérable, on ne s'en inquiète guère; mais le mal est quand ils viennent à s'attrouper, parce qu'il en peut résulter les suites les plus fâcheuses. C'est ce que nos voisins les Hollandais de Surinam ont souvent expérimenté, et ce qu'ils éprouvent encore chaque joui-, étant, à ce qu'on dit, habituellement menacés de quelque irruption funeste, tant ils ont de leurs esclaves errans dans les bois. Pour garantir Cayenne d'un semblable malheur, M. d'Orvilliers, gouverneur de la Guyane française, et M. Lemoine, notre commissaire


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